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5 mars 2008 3 05 /03 /mars /2008 07:50

La musique la plus ancienne en Irlande est celle des harpistes des clansHarpe_celtique_nb gaéliques. Le harpiste accompagnait un poète, qui déclamait généralement des louanges à son chef de clan.

On ne sait rien des musiciens ni des danses pratiquées à l'époque.

La harpe figure comme emblème du pays depuis au moins le XIIe siècle, mais les musiciens devinrent peu à peu des musiciens itinérants, en raison du déclin de la société gaélique entre le XIIe et le XVIe siècle.

Au XVIIe siècle, les danses devinrent très populaires, comme dans le reste de l'Europe. La danse irlandaise connut son apogée au XIXe siècle, et de nombreux témoignages de voyageurs en Irlande prouvent son importance.

 

C'est la voix qui forme la base de la musique irlandaise, en raison d'une caractéristique prépondérante de cette musique essentiellement mélodique: les ornementations.

Le sean-nos (style ancien), chant en gaélique a cappella, est un chant issu du Moyen Âge, très ornementé et difficile d'accès au premier abord.

Mais pourquoi cette musique, pourtant si entraînante, laisse-t-elle transparaître une telle mélancolie ?

Un peu d'histoire ...

Deventure_nb

 

Petite Histoire de l'Irlande

Préhistoire

Les traces les plus anciennes du peuplement de l'île remontent au 9e millénaire av. J-C.Dolmen_irlandais_nb

Il semble qu'il s'agisse de peuples venus d'Europe du nord, passés par l' Écosse. Ils se sont installés dans la région de l'actuelle Ulster. Leur mode de vie est une économie de prédation (chasse et pêche) qui va progressivement évoluer vers l'agriculture et l'élevage. Ils connaissent l'usage d'outils en pierre polie, cultivent la terre et ont du bétail. C'est une civilisation mégalithique qui érige des dolmens à vocation funéraire.

De nouveaux arrivants, entre le XXe et le XVIIe siècle av. J-C, apportent l'âge du bronze. C'est de cette époque que date l'exploitation de mines de cuivre et d'or.

Les Celtes

C'est vers -500 que les Celtes arrivent en Irlande, en provenance de Grande-Bretagne. Ils y apportent la métallurgie du fer. La société celtique, comme celle de tous les peuples indo-européens est organisée en trois classes:

Provinces_irlandaises La classe sacerdotale composée des druides, des bardes et des vates.

-Les druides ont en charge la religion, le sacrifice, la justice et l’enseignement.

-Les bardes sont spécialisés dans la poésie et la musique, la louange, la satire ou le blâme.

-Les vates sont des devins qui se consacrent à la divination et à la médecine.

La deuxième classe de la société est celle des guerriers, la troisième celle des artisans et paysans.

Dans la civilisation celtique, le rôle du roi est non seulement de mener la guerre, mais surtout de redistribuer les richesses et de dire la justice, inspirée par les druides. Longtemps ces rois n’ont été que des chefs de clan au pouvoir incertain et aux successions problématiques.

Ces clans vont progressivement fusionner pour constituer 4 royaumes (ou provinces): l’Ulster, le Leinster, le Munster et le Connacht.

 

Au début du Ve siècle, un roi suprême d’Irlande (Ard ri Érenn) étend son pouvoir sur toute l’île.

Les romains, qui occupent la Bretagne (Angleterre actuelle), n'occuperont jamais l'Irlande (qu'ils appellent Hibernie), peuplée de populations trop difficilement assimilables et trop loin du cœur de l'Empire.

 

La christianisation

La christianisation de l’Irlande marque la fin de la mythologie celtique.

Croix_celte Saint Patrick (Padraig), né en 390 au Pays de Galles, est le fils d’un fonctionnaire britto-romain. En 405, il aurait été victime d’une razzia de Gaels (celtes irlandais) et aurait été emmené comme esclave en Irlande. Pendant six années de captivité, passées à surveiller les troupeaux, sa foi en Dieu se serait affermie et une fois évadé, il aurait poursuivi ses études théologiques en Gaule. Les dates de son retour en Irlande sont incertaines mais la conversion de l’île serait intervenue à partir de cette époque.

Patrick est souvent décrit en train de discuter avec les druides et tenter de les convaincre que sa magie druidique est plus puissante que la leur.



Les invasions Vikings

Viking_1 Au VIIIe siècle, les Vikings déferlent sur les îles britanniques.

En Irlande, les raids se concentrent sur la côte ouest puis sur les rivages de la mer d'Irlande. Au début des années 820 le tour de l’île est accompli.

Pendant une quarantaine d’années, les Vikings vont multiplier les raids et les razzias, privilégiant les monastères, non pour des raisons religieuses, mais parce que plus riches en trésors. Durant les années 830, ils remontent les fleuves et pénètrent à l’intérieur des terres qu’ils ravagent. Ils s’installent dans des places fortifiées qui deviennent aussi des lieux de commerce.   

 

Domination anglaise

Aux XIe et XIIe siècles, l'Irlande connaît une brève période d'indépendance. Mais à la fin du XIIe siècle, l'Angleterre entreprend sa conquête.

Après s'être limitée à l'est de l'île, en 1494, la couronne anglaise déclare sa domination sur toute l'île.

En 1541, Henri VIII prend le titre de roi d'Irlande. La colonisation par les confiscations de terres se développe alors.

Une grande révolte éclate en 1641, brisée par Oliver Cromwell en 1649 (massacres de Drogheda et Wexford). Les Irlandais ont profité de la première révolution anglaise pour tenter de recouvrer leur indépendance. Cromwell débarque à Dublin (durant l'été 1649) avec ses soldats, les "Côtes de Fer" et organise un véritable massacre. Selon les sources, entre le tiers et la moitié de la population de l'île est massacrée. Après sa défaite, l'Irlande est soumise à l'autorité et aux lois de l'Angleterre et les terres du nord du pays sont confisquées et attribuées à des colons venus d'Écosse et d'Angleterre.

 

Émigration et révoltes

Le XIXe siècle est marqué par une émigration massive des Irlandais (plusieurs millions) en direction de l'Amérique, accrue par les conséquences de la terrible famine qui sévit en Irlande entre 1846 et 1848. Cette famine est d'ailleurs l'objet de controverses, les nationalistes irlandais considérant que c'est délibérément que la couronne britannique laissa les Irlandais mourir de faim.

 

En 1916, éclate l'insurrection de Pâques à Dublin, qui proclame la République au nom de Dieu et des générations disparues. Elle est écrasée au bout d'une semaine. Mais le Sinn Féin (mouvement nationaliste) en retire une popularité accrue: il remporte triomphalement les élections de décembre 1918, constitue un parlement irlandais et proclame l'indépendance. Le pouvoir britannique dissout le parlement. Un nouveau soulèvement éclate, qui va durer trois ans.

 

Indépendance

Carte_dirlande Le 6 décembre 1921, des négociations entre le gouvernement anglais et les dirigeants nationalistes irlandais aboutissent au traité de Londres, qui fait de l'Irlande, amputée de l'Ulster, un dominion au sein de l'empire britannique, l' Irish free state, qui se dotera d'une constitution en octobre 1922.

Cela entraînera la Guerre civile d'Irlande qui durera jusqu'en 1923.

En 1937, l'Irlande adopte une nouvelle constitution et se renomme Eire.

L'Irlande resta neutre durant la Seconde Guerre mondiale, interdisant même officiellement à l'Angleterre l'usage militaire de ses ports et aéroports. 

En février 1948, c'est le parti Fine Gael qui remporte les élections. Le gouvernement de coalition qu'il constitue avec le parti travailliste proclame la République d'Irlande, le 18 avril 1949, quittant le Commonwealth.

 

Les instruments de la musique irlandaise

La Voix

La voix, et plus particulièrement le chant a capella, est sans aucun doute la base même de la musique irlandaise : en effet, si cette dernière est aujourd'hui considérée comme extrêmement ornementée, cela est dû en grande partie à son caractère mélismatique, c'est-à-dire modulant plusieurs notes sur une seule syllabe. En outre, les musicologues estiment que la musique traditionnelle irlandaise est également basée sur la métrique de la poésie gaélique, ainsi que sur les modes et tonalités des instruments utilisés.

On peut considérer que les ornementations ne sont possibles que dans un contexte de production en solo, d'où l'affirmation souvent émise selon laquelle la musique traditionnelle irlandaise est une musique de solistes, et non de groupes.

 

 

 

La harpe (cliquez pour l'entendre)

Harpe_celtique_3_nb La harpe est à l'origine d'une contradiction flagrante portant sur l'image de la musique irlandaise. Emblème national du pays depuis au moins le XIIIe siècle, elle reste un instrument rare en Irlande même. Les raisons de cette discrétion sont multiples :

Bien qu'elle soit difficile à transporter, les musiciens n'envisageraient guère de jouer sur un autre instrument que le leur, à l'inverse des pianistes ; ajoutons à cela la très grande difficulté à garder l'instrument accordé et l'on comprendra les problèmes auxquels sont confrontés les harpistes. À noter également que, dès l'Antiquité, ses attributs nobles l'éloignèrent des couches les plus populaires.

Les particularités de la harpe irlandaise médiévale sont au nombre de cinq :

- une construction robuste.

- une caisse de résonance d'une seule pièce taillée dans un tronc de    saule évidé.

- une colonne en forme de 'T' extrêmement solide.

- une base permettant de la poser à terre.

- 30 à 36 cordes de métal rivées à la caisse de résonance, en bas, et  fixées autour de chevilles accordables enfoncées sur la gauche d'une console renforcée par des plaques de métal, en haut.

Elle était généralement appuyée sur l'épaule gauche, jouée avec des ongles longs, les cordes graves par la main droite et les aiguës par la main gauche.

 

 

 

La cornemuse (cliquez pour l'entendre)

Uilleann_pipes

La cornemuse irlandaise (uilleann pipes) fit son apparition à la fin du XVIIe siècle dans les milieux populaires. Elle était, à l'origine, un instrument artisanal nécessitant peu de matériaux et d'outils pour être fabriqué. Sa sonorité est beaucoup plus douce que celle de la grande cornemuse écossaise en raison de son anche double moins rigide, ce qui lui permet de jouer à l'octave ; c'est la plus complexe de sa famille. Le uilleann pipes est considéré par tous les amateurs de musique traditionnelle irlandaise comme l'instrument se rapprochant le plus de la voix humaine grâce aux nombreuses possibilités d'ornementations.

 


 

Le violon ou fiddle (cliquez pour l'entendre)

Fiddler_2

L'instrument est apparu en Europe au XVIe siècle. On peut considérer que le violon trouva rapidement sa place dans les musiques populaires européennes en raison d'une relative simplicité de construction : il n'est  pas question de considérer la fabrication des violons de luthiers comme aisé, mais de souligner qu'une simple boîte en bois (et parfois en métal) pouvait tout à fait faire office de "violon du pauvre"'. C'est sans doute cette possibilité qui rendit cet instrument populaire.

Le vibrato si répandu dans la technique des instruments à cordes frottées en musique classique est quasiment absent, sinon honni, en musique traditionnelle irlandaise. L'archet est donc essentiel dans le jeu du musicien, à tel point que certains fiddlers considèrent qu'ils jouent de deux instruments : le violon et l'archet. Ils disposent en outre du "droning" également utilisé en musique classique, où le musicien frotte simultanément deux cordes afin d'obtenir un bourdon sur la corde la plus grave tout en jouant la mélodie sur la corde la plus aiguë.

 

 

Le tin whisle (cliquez pour l'entendre)

Tin_whisle_nb

Désigné dans le monde francophone par le vocable de "flûte irlandaise", parfois appelé "flageolet" par les musicologues, le nom de tin whisle provient du matériau autrefois utilisé pour sa fabrication, le fer blanc, ce qui dénote un caractère bon marché et populaire. C'est donc généralement de cet instrument qu'apprennent à jouer en premier lieu tous les jeunes irlandais ayant quelque velléité musicale, à l'école ou entre amis. D'accès facile, aisément transportable en toutes circonstances, son succès est indéniable et le marché du tin whistle est sans aucun doute en pleine expansion. Cette expansion est en grande partie dirigée vers le marché des touristes, pour qui le tin whistle constitue un souvenir très prisé car simple, bon marché et représentatif de ce qu'ils ont vu et entendu.

 

 

La flûte traversière en bois (cliquez pour l'entendre)

Timber_flute

La flûte traversière en bois, appelée wooden flute ou plus couramment timber flute, doit sans doute sa présence en Irlande à cette mutation qui fit que les musiciens classiques du XIXe siècle adoptèrent peu à peu la flûte traversière en métal, abandonnant de ce fait leurs flûtes en bois qui furent alors disponibles à des prix beaucoup plus abordables.

 

 

 

Le Concertina (cliquez pour l'entendre)

Concertina_nb

Le concertina, variante de l'accordéon chromatique, fut inventé la même année que son grand frère autrichien, en 1829, par le physicien anglais Charles Wheatstone. Certains musiciens irlandais se plaisent à faire remarquer qu'il s'agit là du seul instrument jamais inventé par un anglais.

En Irlande, où il se développa dans les milieux populaires grâce à son bas prix, il est généralement associé au comté de Clare où sa légèreté en a fait un instrument féminin depuis le XIXe siècle, tandis que l'accordéon devenait surtout populaire auprès des hommes.

 


Le Bodhrán (cliquez pour l'entendre)

Bodhran

Son association avec la fête des moissons dans certaines régions de l'est de l'Irlande peut faire penser qu'il ait pu servir, jadis, à vanner le blé.

Bien qu'il ait sans doute été frappé au départ avec la main, comme pour la grande majorité des membranophones dans le monde, l'habitude d'utiliser un bâton constitue l'une des particularités irlandaises de ce grand "tambourin". Le musicien droitier tient le bâton comme un crayon dans la main droite et frappe la peau en utilisant les 2 extrémités alternativement, grâce aux mouvements du poignet. 

Lorsque l'on sait faire rebondir l'extrémité haute du bâton, les rythmes obtenus peuvent être particulièrement complexes, l'autre main servant à nuancer le son en étouffant la vibration de la peau.

 

 

Les Bones et les Cuillères (cliquez sur le nom pour entendre)

Autre instrument percussif, moins courant que le bodhrán,

Bones les Bones ("os") sont, à l'origine, deux côtes de mouton que l'on entrechoque et qui produisent un claquement rythmique qui n'est pas sans rappeler celui des castagnettes. Elles sont aujourd'hui remplacées par des plaques en bois.


Quelques musiciens plus imaginatifs les ont avantageusement remplacées par de simples Cuillères et parviennent à en tirer des rythmes assez extraordinaires.Les_cuillers_nb

 

 


Le Banjo
(cliquez pour l'entendre)

Banjo_4_cordes Le Banjo est un instrument d'origine africaine qui fit son apparition au XVIIe siècle dans le Nouveau Monde sous le terme de banza, puis banjar et y devint populaire à partir de 1840. Cette popularité ne cessa de croître et devint considérable vers 1890, date à partir de laquelle nous savons que les musiciens irlandais aux Etats-Unis étaient nombreux.

Par la suite, ce banjo comportant cinq cordes (c'est-à-dire le banjo en Sol des Appalaches) fut supplanté par le banjo ténor à quatre cordes, au manche plus court, que l'on trouve en Irlande depuis les années dix-neuf cent vingt, en particulier dans les Céilí bands. C'est toujours ce dernier qui à la faveur des musiciens irlandais. 

 

Ajoutons à cette liste la guitare d'influence américaine; le piano, d'influence à caractère plus social que géographique et l'arrivée au cours des années 1970 du bouzouki grec.

Après avoir fait le tour des instruments joués en Irlande au cours des vingt derniers siècles il ne fait aucun doute que les diverses influences entre pays ont toujours existé et que l'Irlande a autant emprunté à l'Europe et l'Amérique qu'elle n'a pu leur apporter.

La musique traditionnelle irlandaise est encore en mesure d'adopter et d'adapter des instruments venus d'horizons divers. Ceci dénote une véritable tradition d'adaptation.

C'est donc, plus encore que les instruments, la musique et la mélodie sur laquelle elle est jouée qui peut nous éclairer sur ce qu'on peut considérer comme de la musique traditionnelle irlandaise.



 

Rythmes et formes de la musique irlandaise

La musique traditionnelle irlandaise représente, avec le Fado portugais, le plus vivant exemple de transmission orale de la tradition musicale en Europe de l’Ouest.

La musique instrumentale à laquelle ce chapitre se consacre exclusivement, se subdivise en musique à danser et airs instrumentaux destinés à être simplement écoutés (Laments  et slow airs). La musique de danse constitue un répertoire énorme (plus de 6.000 mélodies ou «tunes») recourant à plusieurs types de danses dont les trois principales sont la jig (du français Gigue), le reel et le hornpipe.

Il existe trois formes de jig:

La double jig, en 6/8, la single jig, en 6/8 ou 12/8 et la slip jig ou hop jig qui se distingue en outre par sa structure de deux fois quatre mesures, les autres jigs comptant toujours deux fois huit mesures.

Jig_2

L’unité rythmique du reel consiste en deux groupes de quatre croches (mesure 2/2 ou C barré). Rapide voire très rapide dans la majorité des cas, cette danse peut être interprétée sur un tempo lent, prenant alors le nom évident de slow reel.

Reel

Le hornpipe se joue sur un tempo modéré. On accentue en principe une croche sur deux, non comme les «croches inégales» du baroque français, mais plus ou moins comme si la première valait les deux dernières croches du triolet (swing).

Hornpipes

 

En général, quelle que soit la danse, la structure usuelle adopte la forme A A B B; la première partie s’appelle tune, la seconde turn.

Comportant quatre ou huit mesures chacune, elles forment ce que l’on appellerait en analyse classique un «antécédent-conséquent» (question/réponse).

Du point de vue harmonique, la musique traditionnelle irlandaise est diatonique, mais comporte parfois des altérations, et se joue principalement dans les tonalités de sol, ré et la majeur. Le mode majeur domine largement; les rares tunes en mineur se jouent en mi, la ou si. A noter qu'il existe aussi une 'littérature' musicale plus adaptée pour le violon en do, fa, sib et relatives (la min, ré min et sol min).

Les flûtistes maîtrisant les tonalités peuvent néanmoins participer...

 

 


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