Maurice Ravel 1875-1937
Une vie si dépourvue d'éclats et d'aventures qu'elle en devient mystérieuse; une personnalité discrète, qui échappe aux plus familiers; une œuvre rare, dont la virtuosité est mise au service de recherches et d'audaces qui révolutionnent les techniques pianistiques et orchestrales: tel est Maurice Ravel, dont le Boléro reste le morceau de musique français le plus joué dans le monde.
INTERVIEW
La note bleue: « Comment s'est révélée ta passion pour la musique? »
M.Ravel: « Mon père était ingénieur, d'origine suisse, il était passionné de mécanique et expérimentait des modèles d'automobile; ma mère était d'origine basque. De mes parents, j'ai hérité, d'une part, de la passion des miniatures et des automates, d'autre part, le goût pour les rythmes et les couleurs de l'Espagne. Mon père entreprend très tôt de me faire donner des leçons de piano, auxquelles, il faut bien l'avouer, je me montre particulièrement rétif! Pris en main par Henry Ghys, puis par Charles René, qui m'enseigne l'harmonie, j'entre au Conservatoire en 1889, où j'acquiers une grande technique et où je fais preuve d'une rare curiosité pour les musiques exotiques. »
La note bleue: « A quel âge as-tu composé ta première oeuvre? »
M.Ravel: « En 1888, un mouvement de sonate pour piano, j'avais 13 ans... »
La note bleue: « Qui sont les musiciens qui t'inspirent? »
M.Ravel: « En réalité, je m'essaie à tout et j'accueille les esthétiques les plus diverses: Wagner, Liszt, Franck, Debussy... et je me trouve en communauté de pensée avec l'impertinence d'Erik Satie! »
La note bleue: « Comment devient-on le musicien français le plus joué au monde? »
M.Ravel: « C'est ma rencontre, en 1912, avec Diaghilev et les Ballets russes qui m'a assuré ma consécration. En effet, j'ai pu m'exprimer dans le domaine du ballet comme dans nul autre. Quand, en 1928, j'ai composé le "Boléro", j'avais acquis une solide expérience de musicien au service de la danse. »
La note bleue: « Quelle est cette étrange maladie dont tu souffres? »
M.Ravel: « La maladie de Pick . Je ne coordonne plus mes mouvements, j'ai même du réapprendre à écrire! »
Interview réalisée le 23 octobre 1935 grâce à notre machine à remonter le temps.
... mais bientôt sa maladie s'aggrave, et Maurice Ravel meurt le 28 décembre 1937, après une ultime intervention chirurgicale...
AUDITORIUM
ECOUTE-DECOUVERTE-EMOTIONS
Maurice Ravel « Boléro »
L'oeuvre la plus célèbre de Maurice Ravel est aussi le morceau de musique classique le plus joué au monde ...
L'oeuvre:
Composé en 1928 à la demande de la danseuse Ida Rubinstein, le boléro, que M.Ravel qualifie "d'expérience dans une direction très limitée" est un immense ostinato construit à partir de deux thèmes ; le premier en do majeur et le second en do mineur.
Il se répète une dizaine de fois dans des combinaisons instrumentales sans cesse renouvelées (flûte, clarinette, hautbois, cor anglais, basson, saxophones, trompette, trombone, cordes).
Une insistante formule rythmique récurrente est énoncée dans un tempo immuable (caisse-claire à laquelle les instruments solistes viennent s'ajouter après avoir interprété l'ostinato).
"Un long et progressif crescendo jusqu'au tutti final où le morceau semble s'effondrer dans un cataclysme".
Petit lexique:
boléro: danse espagnole à 3 temps.
ostinato: thème mélodique ou rythmique se répétant périodiquement et "obstinément".
crescendo: indication de nuance qui commande l'augmentation progressive de l'intensité sonore.
tutti: passage musical exécuté par tous les instruments.
Anaïs, Emilie, Alexandre, Mathieu, Manon, Baptiste et Lucas ont écouté les 17 minutes du Boléro;
Ils nous livrent leurs impressions...
"C'est très sérieux et rythmé ... il y a des moments on croirait que c'est égyptien ... une armé qui défile" Lucas
"Ça me fait penser à des nomades dans le désert, ils marchent ... c'est une musique dynamique en crescendo avec tous les instruments de l'orchestre". Baptiste
"Au début, c'est très joli, calme, doux et bien joué. L'idée de faire jouer la même chose aux instruments chacun leur tour est très bonne ... la fin ressemble à une catastrophe qui s'est passée ..." Manon
"C'est assez triste ... ça dure trop longtemps ... les coups de tambour se répètent tout le temps ..." Mathieu
"Ça me fait penser aux animaux qui défilent pour entrer dans l'arche de Noë avant le déluge ... au défilé d'un grand pharaon." Alexandre
"Musique très douce, on dirait qu'elle ne va pas se terminer, ou qu'elle n'a pas commencée ... On attend vraiment une suite ... musique attirante ... Plus c'est fort, plus c'est beau!" Emilie
"C'est une musique qui m'entraîne à danser ... j'aime qu'elle se répète, c'est joyeux ..." Anaïs
